Lundi 2 janvier 2012, une adolescente s’est suicidée avec le fusil de chasse de son père. Elle était victime de harcèlement scolaire au collège dans lequel elle était scolarisée.

Lundi 2 janvier 2012, une collégienne de 12 ans s’est donné la mort avec le fusil de chasse de son père. Cet acte dramatique et choquant serait, selon la mère de l’adolescente, le résultat d’un harcèlement poussé dont elle était victime au collège Jean Jaurès de Lens, où elle était scolarisée. « Il y a des gamins qui l’ont traînée par terre, ils lui ont craché au visage, ils la bousculaient dans les escaliers, lui tiraient sa chaise à la cantine. Il y a eu énormément de choses ». Le proviseur du collège, Pascal Decaix, affirme ne pas avoir eu connaissance des actes de violence dont la jeune fille était la cible. Un mensonge, d’après la mère, qui affirme avoir alerté l’équipe encadrante à « cinq ou six » reprises. Révoltée, elle n’a pas hésité à aller porter plainte, mercredi matin, contre M. Decaix, pour « non assistance à personne en danger » et « diffamation ».  Le but de cette démarche, pour les parents de l’adolescente, serait de faire reconnaître « que c’est à cause de ça que [leur] fille s’est donné la mort et que ça ne se reproduise plus. Qu’une gamine soit tellement harcelée, tellement mise à bout qu’elle en vienne à mettre fin à ses jours ».

Le suicide des enfants avait récemment fait l’objet d’un rapport de la part du psychiatre Boris Cyrulnik. La prise en charge de ces jeunes victimes n’est visiblement toujours pas assez prise en compte.

La psychologue Ariane Bilheran, auteur, entre autres, du livre Le harcèlement moral au quotidien, paru chez Armand Colin, répond à nos questions :

Comment aider les adolescents victimes de harcèlement à en parler ?

La première chose à faire, c’est la prévention. Dès son plus jeune âge, l’enfant doit savoir que la violence existe, qu’elle soit physique ou mentale et qu’il ne doit pas se taire s’il en est victime. Avec des mots adaptés, informez-le et balisez au mieux le terrain pour qu’il ne se renferme pas sur lui-même s’il se retrouve face à une forme de violence. Pour être efficace, la prévention doit être faite par les parents ET par l’école. Sans elle, la personne victime de harcèlement ne fera pas nécessairement la démarche d’en parler.

Les parents ont un autre rôle très important : celui de s’intéresser et d’identifier les différentes modifications du comportement de leur enfant. En effet, l’enfant se sentira plus en confiance pour parler de ses problèmes s’il sent qu’il n’est pas seul et que ses parents portent une attention toute particulière à ce qu’il vit.

Comment expliquer qu’une jeune fille en soit arrivée à une telle extrémité ?

L’acte qu’a commis cette adolescente est malheureusement la conséquence logique du harcèlement qu’elle a subi. Le but du harcèlement est de conduire la victime à l’autodestruction, de lui faire comprendre qu’elle n’est rien, de la pousser à bout. En général, les harceleurs s’en prennent à des personnes qui sont déjà en période de fragilité. De cette manière, ils s’assurent que leur victime est la personne la moins susceptible d’en parler.

Est-il judicieux de changer d’établissement un adolescent victime de harcèlement ou doit-on tenter en premier lieu de régler le problème avec l’équipe encadrante ?

Tout dépend du moment où l’on s’aperçoit qu’il y a violence et qu’on décide de la prendre en charge. Lorsqu’on décide de réagir aux prémices du harcèlement, aller voir l’équipe encadrante, lui expliquer la situation et s’assurer qu’elle prend les choses en main est suffisant. En revanche, si le harcèlement est à un stade très avancé, il est plus prudent de séparer les bourreaux et leur victime, dans l’intérêt de cette dernière et de son bien-être. Mais dans les deux cas, il est absolument nécessaire que les harceleurs soient punis à la mesure de la gravité de leurs actes.

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